Territoires, mobilités

Evaluation HCERES

Le HCERES (Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur) vient de rendre publique l’évaluation de notre laboratoire.

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Axe I : Territoires, mobilités

Coordinateurs : Laurent Dornel, Mélanie Le Couédic

Hommes et espaces dans la longue durée

Cet axe est nourri par des projets pluridisciplinaires aux approches délibérément diachroniques, fortement liées aux dimensions spatiales. À partir de l’archéologie, la réflexion est alimentée par le croisement de sources multiples (historiques, anthropologiques et environnementales) dans une perspective d’histoire rurale et d’archéologie du paysage, afin d’approcher les logiques qui président à la production de l’espace depuis le Moyen Age jusqu’à nos jours.

Le premier point porte sur l’occupation, l’exploitation et le partage des espaces agro-pastoraux d’altitude de l’époque médiévale à nos jours, dans le but de saisir leurs trajectoires spatio-temporelles en lien avec les dynamiques environnementales. Au niveau des pratiques de terroirs, la question de la mise en valeur des espaces forestiers, pastoraux et de la gouvernance des zones marginales est envisagée à l’ouest des Pyrénées en croisant sources archéologiques et sources historiques dans une démarche diachronique et modélisatrice (pour une histoire environnementale comparée). Saisir ces phénomènes dans la longue durée permet d’approcher les dynamiques contemporaines face aux changements. Ces questions sont aussi  envisagées de manière comparative, à l’échelle de la Chaine, des deux versants et sur d’autres massifs (TPAST) ou encore avec les zones de marais littoraux charentais : MARGES, Vivre et gérer les zones périphériques, Estives et marais littoraux de Nouvelle-Aquitaine du Moyen Âge à nos jours

L’étude des marais littoraux s’est largement appuyée sur une grosse opération d’archéologie programmée dans la ville neuve du XVIe siècle de Brouage, sur le site de la maison Champlain. Cette ville, qui prend le relais de sites castraux installés au fond du marais devenu inaccessible, témoigne de l’adaptation des habitants aux évolutions de l’environnement. Le mobilier en matériaux périssables notamment est très important. Par ailleurs, le projet de recherche sur Sainte-Christie d’Armagnac (Gers) porte sur l’étude de ses remparts en terre crue conservés en élévation et classés, ainsi que sur l’analyse des constructions, de leurs techniques, mais aussi la variété des matériaux de construction utilisés (terre crue et cuite, pierre, bois) en rapport avec la variété du patrimoine bâti conservé (église, rempart, logis à pan de bois). Dans ce secteur, le Bas-Armagnac, très mal connu sur le plan de la culture matérielle, les opérations archéologiques permettront d’étudier un mobilier et de clarifier la situation d’une zone de confins entre les aires aquitaines, toulousaines et bigourdanes.

Dans une perspective transversale, une réflexion sur la modélisation et la spatialisation de données archéologiques et historiques est menée. Outre les programmes ci-dessus, les dossiers en cours sont les itinéraires d’Henri IV d’après sa correspondance (AcRronavarre), les données PCI et la spatialisation des censiers d’Orthez (CORTES). Dans le contexte de la science ouverte, le devenir des données accumulées via les programmes antérieurs demande une réflexion : quelles analyses, conservation, accès et publication ? Répondre à ces questions passera par un plan de gestion des données et le renseignement des métadonnées ; à l’échelle nationale ou internationale, par l’élaboration de modèles collectifs sous forme d’ontologie.

Migrations humaines

La question des circulations migratoires aux époques moderne et surtout contemporaine, est l’un des axes structurants. Si le fait migratoire est analysé en soi, il constitue aussi un prisme par lequel on peut saisir l’articulation entre un territoire et des hommes, analyser le rapport à l’autre dans sa dimension sociale, culturelle et politique. En effet, le territoire, appréhendé dans sa pluralité scalaire, fonctionne comme un générateur ou un fixateur d’identités collectives. Les travaux menés au cours des dernières années dans le cadre du laboratoire ont ainsi montré, par exemple, le rôle fonctionnel de l’autochtonie et de la frontière. A gros traits, il s’agit de réfléchir à l’articulation entre l’histoire de l’immigration, celle des circulations (humaines mais aussi politiques et juridiques) impériales et post-impériales ; d’analyser les conséquences des pratiques d’État (assignation raciale au travail) sur les représentations métropolitaines des hommes colonisés et sur les politiques d’immigration mises en route dans l’immédiat après-guerre (IMHINA).

L’étude des circulations impériales et post-impériales constitue un premier point de convergence. Dans le prolongement de recherches ayant porté tout sur les travailleurs chinois, les flux migratoires entre la France et ses colonies pendant la Première Guerre mondiale seront étudiés. Marocains, Algériens, Tunisiens, mais aussi Indochinois sont recrutés par dizaines de milliers pour travailler dans les usines et dans les champs et ainsi participer à l’œuvre de la Défense nationale.

Circulations et frontière à l’époque moderne sont abordés à travers les programmes NAOM et CORBAN et dans le cadre de l’étude des itinéraires des Albret et Bourbon au temps des guerres de religion entre le Béarn et La Rochelle. Pour la même période, le faux monnayage dans la monarchie hispanique, la fraude monétaire, le commerce des monnaies, la contrebande monétaire dans les échanges entre l’Espagne et la France des XVIIe et XVIIIe siècles. L’un des objectifs est d’étudier le contrôle social exercé par les tribunaux de Biscaye et de la Navarre espagnole, leurs rapports avec les fors locaux et la politique de Madrid et donc de réévaluer les enjeux des fidélités locales face au service du roi ainsi que le rôle du faux-monnayage dans la guerre économique et les crises monétaires des XVIIe et XVIIIe siècles.

Les migrations, internes comme internationales, sont rarement neutres sur le plan politique, social, religieux, culturel, etc. L’autre questionne en creux la société d’accueil tout en lui tendant un miroir. L’altérité, consubstantielle à la migration, interroge ainsi l’autochtonie, point qui a donné lieu à des publications dans le précédent contrat mais qui donnera lieu à de nouvelles recherches à partir d’un terrain africain.