AAC Les institutions sportives et les pratiques minoritaires

AAC - Journée d'étude "Les institutions sportives et les pratiques minoritaires"

Appel à communications “Les institutions sportives et les pratiques minoritaires (1920-2020)”

(Journée d'étude, Pau, 20-21 novembre 2025) 

Date limite de soumission des propositions de communications : 1er juillet 2025

Les laboratoires MEPS et ITEM (Université de Pau et des pays de l’Adour) ont lancé une initiative commune de recherche portant sur les « Sports et pratiques physiques en contextes minoritaires. XIXe-XXIe» : elle vise à susciter une nouvelle ou contre-histoire du sport, dégagée des récits dominants (sports de masse, compétitions majeures, etc.) et restituant la mosaïque des pratiques minoritaires qui, combinées, forment en réalité l’essentiel de l’expérience sportive ou quasi-sportive au XXe siècle et début du XXIe : pratiques au développement faible, sports à petit capital symbolique et économique, groupes de pratiquants minoritaires et/ou discriminés ou encore clubs portant des revendications politiques minoritaires. Ainsi il s’agit de comprendre comment s’est exercée, déplacée et déjouée la domination en contexte sportif.

La manifestation des 20 et 21 novembre vise à rassembler des chercheur·ses en sciences humaines et sociales, travaillant à l’échelle européenne. La thématique retenue, autour du processus d’institutionnalisation et des fédérations sportives, associera à la manifestation des acteurs du monde fédéral. Le prisme de l’institutionnalisation autour de réflexions collectives permet au-delà des différentes approches, théories et modèles, de rendre compte de la singularité et de la dynamique du champ sportif et des pratiques physiques en général.

Inspirée par les travaux de sociologie classique, l’institutionnalisation constitue une question centrale des travaux portant sur l’histoire des sports et des pratiques physiques. La montée en puissance des fédérations dans les premières décennies du XXe siècle, combinée à l’apparition des premières politiques publiques dans l’entre-deux-guerres, ont permis au sport de devenir l’une des manifestations les plus éclatantes de la culture de masse, à travers son spectacle et sa pratique.

La démocratisation du sport contribue et contraint les organisations sportives à définir et entretenir des relations contractualisées avec les autres puissances sociales comme autant « d’optimisation du politique » (Callède, 1998) précisément par investissement organisationnel et reconnaissance publique. La construction des identités nationales à travers le sport a également contribué à la valorisation de certaines pratiques au détriment d’autres formes d’expression physique, perçues comme moins conformes aux idéaux dominants. Si l’institutionnalisation du sport s’est accompagnée d’une forte politisation, avec l’émergence de programmes publics visant à encadrer et promouvoir certaines disciplines, elle en a également marginalisée d’autres (Rigauer, 1981).

Mais l’institutionnalisation, si elle est un processus général, a aussi créé des situations, sinon de monopole, du moins de domination. Le système sportif hérité des années 1930, dominé par quelques sports (Markovits 2001) a peu bougé à son sommet. Pourtant, la massification des pratiques qui étend le phénomène est marquée par une explosion des formes, qui pour certaines mettent à mal dans leurs objectifs et valeurs les modèles hérités du XIXe siècle (Loret, 1995).

L’institutionnalisation répond donc à deux grandes logiques : celle de la mondialisation (culture médiatisée) et celle de la diversification des affirmations identitaires. S’agissant de ce deuxième volet, l’individualisation et l’affirmation de l’individu en tant que sujet actif et responsable de son devenir remet fortement en cause la légitimité des institutions officielles, celles-ci représentant désormais de moins en moins la (totalité) réalité sociale du sport. Ainsi, si l’institution sportive est bien l’enfant de la modernité, l’avènement d’un sport dans un contexte d’hyper- ou de post- modernité se voit marqué par l’affirmation et l’autonomisation d’une pluralité de communautés sportives en quête de reconnaissance et d’existence pérenne dans lesquelles la pluralité des représentations des acteurs donnent une variété de sens et de direction au sein même du déploiement du processus d'institutionnalisation (K. Weick, 1969).

Enfin, l’institutionnalisation ne se limite pas à la structuration administrative et réglementaire des pratiques physiques, elle engage également une dynamique d’uniformisation et de rationalisation des corps et des techniques (Elias, Dunning, 1986). Par le biais de la codification, de la spécialisation et de la standardisation, les pratiques sportives ont été progressivement soumises à des critères de performance et de mesure, écartant des formes traditionnelles ou ludiques de pratiques. Ce processus a consolidé l’autorité des fédérations internationales et renforcé la légitimité des grandes compétitions, en les érigeant comme des références incontournables (Bourdieu, 1984).

Ainsi, la journée d’étude veut questionner une situation paradoxale : les dix « grands sports » (football, tennis, équitation, basket-ball, judo, handball, golf, natation, rugby, athlétisme), cumulent les effectifs les plus massifs et écrasent en termes de représentations médiatique en ne comptant que la moitié des licencié·es en France. L’expérience majoritaire de la pratique sportive ou physique institutionnalisée se situe donc ailleurs.  Ce sont pourtant les « grands sports » et les compétitions majeures qui les mettent en valeur, championnats du monde et jeux olympiques, qui ont été les principaux sujets des études en sciences humaines et sociales.

En mettant l’accent sur les institutions sportives, cet événement scientifique permettra de comprendre les stratégies de reconnaissance, de questionner la singularité des dynamiques minoritaires et  de mettre en valeur l’agentivité d’acteur·ices minoré·es par l’histoire du sport. Par ailleurs, les approches historiennes,  sociologiques et anthropologiques favoriseront l’examen des significations culturelles, politiques des pratiques sportives minoritaires en interrogeant leurs stratégies de conformité tout en gardant une spécificité identitaire (Bromberger, 1995) 

Les communications peuvent s’inscrire dans les thèmes suivants : 

1. Nouveaux cadres conceptuels pour penser l’histoire du sport et des cultures physiques

2. Histoire des fédérations sportives “invisibles” ou “sans histoire” et des institutionnalisations “ratées”

3. Jeux, sports et danses: entre stratégies identitaires locales et institutionnalisations sportives

4. Cartographie des jeux et sports minoritaires  

Date limite de soumission de vos propositions de communications : 1er juillet 2025

 

Contact 

Loïc de la Croix loic.de-la-croix @ univ-pau.fr

Loïc Artiaga loic.artiaga @ univ-pau.fr

 

Comité scientifique

Loïc Artiaga

Loïc de la Croix

Manon Jalabert

Mathilde Lamothe

Laetitia Nadau

Julie Pincot