AAC - Colloque L’Art des camps et ghettos (1933-1945)Regards croisés d’artistes et de chercheurs ou chercheuses

Organisateurs
IFRA-SHS Francfort / Deutsches Exilarchiv - Deutsche Nationalbibliothek Francfort / Association « Mémoires musicales sans frontière » Pau / Laboratoire ITEM Université de Pau et des Pays de l’Adour
Colloque co-financé par la Commission Européenne dans le cadre du programme CERV « Mémoire européenne de l’Holocauste »
Dates : 20-22 octobre 2025
Lieux : Francfort-sur-le-Main ; Exilarchiv - DNB / Université Goethe de Francfort-sur-le-Main
« L’art, c’est ce qui résiste » (Gilles Deleuze, Pourparlers,1987)
L’expression artistique dans les camps, ghettos ou goulags entre 1933 et 1945 a revêtu des formes diverses et parfois contradictoires selon les contextes. La création artistique des internés dans ces conditions de privation de liberté ou dans les univers concentrationnaires a eu des fonctions et des enjeux multiples : acte de « résistance » et de préservation du sentiment d’humanité, moyen d’évasion et espace de transcendance, geste de survie et de construction identitaire, forme de dénonciation ou de témoignage. Si la pratique artistique issue de la volonté propre des internés, parfois même clandestine, a pu être perçue par les détenus comme un dernier bastion d’humanité et une ultime arme de résistance, l’art et la culture n’ont pourtant pas été préservés de la barbarie. Parmi les bourreaux des camps de concentration se trouvaient des hommes « cultivés », amateurs d’art, mélomanes. La musique dans les camps a de surcroît été un instrument utilisé par les tortionnaires. L’art des camps a été thématisé depuis les années 90 comme important sujet d’étude dans les domaines de l’histoire, de l’histoire de l’art, de la littérature ou de la musicologie. Que peut encore nous apporter la réflexion sur ce sujet ? Que reste-t-il encore à découvrir aujourd’hui sur l’art des camps, ghettos ou goulags ? Quelle forme d’actualité ce thème peut-il revêtir ? Dans la société d’aujourd’hui, dans un contexte de montée des mouvements d’extrême droite et des courants négationnistes, la menace d’oubli qui planent sur les pages sombres de l’Histoire rend urgent la réflexion sur cette thématique. L’art, c’est aussi ce qui résiste au temps. A l’ère de la disparition des témoins directs de l’Holocauste, l’art devient vecteur de transmission, forme de témoignage permettant de résister à l’oubli. Comment les
artistes d’aujourd’hui peuvent-ils relever ce défi et traiter la matière du temps passé ? Quels rôles jouent-ils dans la culture mémorielle ? Par la création, se déploie la tentative toujours renouvelée d’inventer de nouvelles possibilités d’existence. L’art est un vecteur de connaissance et de compréhension du monde, dans différentes échelles de temporalité. En ce sens l’art et la science se rejoignent.
Axes
Ce colloque réunira chercheurs ou chercheuses et artistes, afin d’explorer les nouveaux espaces qui peuvent naître du dialogue entre les arts et les sciences humaines et sociales. Il permettra de croiser les regards d’artistes (musiciens, plasticiens, danseurs, comédiens ou écrivains) et de chercheurs ou chercheuses (dans les domaines des sciences historiques et sociales) sur la problématique de l’Art dans les camps et ghettos en confrontant leurs visions sur un même objet d’étude. Mettant en lumière les convergences et les divergences, cette confrontation permettra de dépasser la contradiction apparente entre l’art et la science pour explorer des postures interactives et créer des méthodologies nouvelles.
Ce colloque se déclinera en un certain nombre d’axes parmi lesquels les suivants :
1. Dans une perspective historique
Pourront être analysés les conditions de création et les fonctions des pratiques artistiques selon les différents contextes d’internement entre 1933 et 1945 (ghettos, camps d’internement, de travail, de concentration, goulags). Les fonctions paradoxales de l’Art derrière les barbelés à la fois comme moyen de survie, acte de résistance, forme de témoignage mais aussi son instrumentalisation par le pouvoir comme outil de torture ou de propagande pourront faire partie du champ d’investigation.
2. Dans une perspective interdisciplinaire et transversale
S’appuyant sur les perspectives contemporaines qu’ouvrent les différents champs artistiques : la musique et la création sonore, la danse et l’expression corporelle, les beaux-arts (peinture, sculpture, photographie), le théâtre et la littérature, cette réflexion interdisciplinaire ouvrira des espaces artistiques originaux.
Seront explorées, dans une approche transversale, les interactions entre l’art et la recherche scientifique : comment la création artistique contemporaine peut ouvrir de nouvelles voies (ou voix) à la recherche scientifique par une approche sensible et créative ? Vice versa, dans quelle mesure la recherche scientifique, qu’elle soit dans les domaines historique, musicologique, littéraire, ethnologique, peut éclairer la création artistique contemporaine ?Comment l’approche historique peut devenir source d’inspiration pour les artistes contemporains ?
3. Dans une perspective de culture mémorielle
Comment l’Art peut-il créer de nouveaux espaces dans les processus mémoriels ? A l’ère de la disparition progressive des derniers témoins directs, comment l’Art peut-il prendre un rôle de relais en tant que vecteur de transmission de l’histoire ? Et comment ce travail de mémoire via la création et la pratique artistique contemporaine est reflété dans les sciences comme nouvel objet d’étude ?
Ce colloque accordera une place particulière aux voix de femmes dans les camps, notamment au travers du contexte particulier des camps de femmes et de l’étude des créations de femmes artistes. Il veillera également à prendre en considération dans le champ d’investigation les différentes populations victimes de génocides y compris les nomades.
Langues
français et allemand (avec traduction simultanée dans les deux langues), à titre exceptionnel, communication possible en anglais.
Format
Présentations de 20-25 min ou contributions d’artistes, suivies de débats. Contributions en présentiel uniquement.
Conditions
Les déplacements (tarif train de seconde classe ou exceptionnellement déplacement en avion pour les longues distances) et l’hébergement (2 à 3 nuits) des participants et participantes seront pris en charge. Colloque ouvert au public.
Modalités de soumission
Les propositions de communication d’une page maximum de résumé en français ou allemand (éventuellement anglais) sont à envoyer à Mélina Burlaud à l’adresse suivante : mburlaud@hotmail.com avant le 31 mai 2025. Merci d’y joindre un court CV et de préciser vos compétences linguistiques. Un comité scientifique participera à la sélection des propositions. Les attributions seront renvoyées avant le 15 juin 2025.
Cadre général
S’inscrivant dans le cadre du projet « Musicagurs » co-financé par le programme CERV de la commission européenne, ce colloque est l’un des volets du projet général visant à relier l’art, l’histoire et la mémoire des camps à l’échelle européenne dans une triple logique : de médiation au travers d’échanges tripartites de lycéens ( France, Allemagne, Espagne), de transmission via des conférences-concerts de l’ensemble « Mémoires musicales » et d’une approche scientifique au travers de ce colloque.