Les bastides : nouvelles perspectivesJournée d'étude
Le 3 oct. 2025

Journée d'étude UPPA/ITEM UR 3002 (coordination Véronique Lamazou-Duplan) / Fédération des Bastides Aquitaine
Université de Pau et des Pays de l’Adour
ICL Salle Chadefaud – 9h-18h
Présentation
Les bastides sont des villes et villages créés dans le sud-ouest de la France entre 1230 et 1350 environ. Elles ont été longtemps appréhendées en fonction d’une planification urbaine : organisation en damier, avec une place centrale pour marchés et foires. La journée propose d’interroger ces créations selon trois tendances notables de cette période : l’affirmation de pouvoirs politiques centralisés, le développement des échanges commerciaux et les changements dans les pratiques agricoles. Les inflexions ou modalités de ces tendances selon les territoires ou les tranches chronologiques permettent-elles de mieux rendre compte de la diversité observée aujourd’hui ? Quelles en sont les expressions patrimoniales ? La journée questionne aussi la spécificité des bastides par rapport à d’autres expériences européennes.
Programme
9h Accueil par
Véronique Lamazou-Duplan, Maîtresse de conférences en histoire médiévale à l’UPPA, Directrice adjointe d’ITEM UR 3002
Jean Baucou, Président de la Fédération des Bastides d’Aquitaine
Questions de définition
Modération : Dominique Bidot-Germa, Maître de conférences honoraire en histoire médiévale, UPPA-ITEM UR 3002
- 9h15-9h40 Benoît Cursente, Directeur de recherche au CNRS (retraité),
La question des bastides : académique, associative, sociétale
Résumé :
Il est proposé dans ce préambule de rappeler en quoi cette journée d’étude, organisée dans le giron de l’Université de Pau, occupe une place remarquable dans l’historiographie des bastides. On y gardera à l’esprit que son contenu scientifique se rapporte à une historiographie originale dont la dynamique repose sur une triple composante : académique, associative et sociétale.
- 9h40-10h05 Pierre Simon, Docteur en histoire médiévale, Secrétaire général de la Société académique d’Agen, Fédération Bastides d’Aquitaine,
Les bastides, de l’image symbolique à la dynamique spatio-temporelle par les textes
Résumé :
La vision que l’on a des bastides depuis la fin du XVIIe siècle a beaucoup évolué mais les différents auteurs ont trop souvent raisonné en généralisant des données prises à une période particulière ou à une zone géographique singulière ou même à une bastide comme s’il s’agissait d’un tout cohérent et indifférencié. On a ainsi élaboré une image symbolique globale qui gomme les différentes dynamiques locales. L‘intervention essaiera de montrer l’ampleur de ce constat en parcourant la bibliographie et en y cherchant des apports sur les dynamiques spatio-temporelles, prioritairement à partir des textes, sous l’angle d’une des thématiques proposées, l’impact du pouvoir central qui ne peut naturellement pas ignorer l’activité économique, le commerce et le développement agricole. L‘Agenais et la zone entre Lot-et-Dordogne serviront de référence tout en interrogeant la pertinence d’une telle zone géographique à différentes périodes.
10h05 Échanges & Pause
- 10h35-11h00 Jean-Paul Valois, Fédération Bastides d’Aquitaine, chercheur associé UPPA-ITEM UR 3002,
Des bastida aux « bastides » : apports d’un SIG à la réflexion
Résumé :
Que signifie une carte « des bastides » ? Le collationnement des sites recensés par les auteurs des années 80 inclut des projets avortés, des sites abandonnés, un statut attribué à des bourgs existants, aux côtés d’attributions aujourd’hui contestables. Le SIG permet un affichage souple qui distingue ces cas de figure et met en valeur les « bastides classiques », leur séquençage spatial ou chronologique.
- 11h00-11h25 Jean-Loup Abbé, Professeur des universités honoraire en histoire médiévale, Toulouse 2 Jean Jaurès-TRACES UMR 5608
Le « bourg neuf » de Carcassonne et sa place dans les fondations des bastides et des villeneuvesRésumé :
Si les historiens et les urbanistes ont fait de Carcassonne un des emblèmes des bastides, les textes médiévaux ne qualifient jamais comme telle cette fondation consécutive à la croisade contre les Albigeois. Cette apparente contradiction invite à mieux cerner le projet qui en est à l’origine, ses caractéristiques, aussi bien morphologiques qu’administratives, et, enfin, la place de ce pôle majeur à l’échelle des bastides, mais plus largement à celui des fondations de villeneuves en France et en Europe.
11h25 Échanges
La vie dans les bastides : le droit et les échanges
Modération : Sandrine Lavaud, Maîtresse de conférences HDR en histoire médiévale, Université Bordeaux Montaigne-AUSONIUS UMR 5607
- 14h-14h25 Roland Viader, Chargé de recherche au CNRS, Toulouse2 Jean Jaurès-TRACES UMR 5608
La coutume et le territoire des bastides en Gascogne et Languedoc
Résumé :
S’il est bien connu que les fondations de bastides se sont souvent appuyées sur la concession de coutumes locales, l’historiographie ne s’est guère interrogée sur la nature et les objectifs de ces textes juridiques pour le moins paradoxaux. Loin de consacrer des usages immémoriaux, la rédaction de ces coutumes, en effet, sanctionnait la création de communautés nouvellement instituées en posant des règles dont il importerait de comprendre dans quelle mesure elles dérogeaient aux pratiques anciennes et à la coutume des villages voisins. Quelques exemples permettent heureusement de mieux saisir la fonction et l’usage de ces textes normatifs.
- 14h25-14h50 Judicaël Petrowiste, Maître de conférences en histoire médiévale, Université Paris Cité-ECHELLES UMR 8264,
Bastides et « commercialisation de la société » (vers 1250-vers 1350)
Résumé :
Le spectaculaire mouvement de fondation de bastides dans le Sud-Ouest de la France s’inscrit dans un contexte de vive expansion économique, dont un des moteurs est la croissance des activités d’échanges. Au cours du XIIIe et de la première moitié du XIVe siècle, ces dernières prennent en effet une place de plus en plus grande dans la vie des populations de l’Europe occidentale. Ce phénomène, que l’historien britannique Richard Britnell a qualifié de « commercialisation de la société », touche en particulier les campagnes, où l’accès aux marchés permet à la paysannerie de valoriser une partie de sa production et d’acquérir des biens de plus en plus variés. On montrera dans cette communication qu’une des vocations des bastides fut de répondre à ce besoin d’échanges, en renforçant la desserte du monde rural en assemblées marchandes et en facilitant son intégration à des circuits commerciaux d’envergure régionale. En cela, elles constituent une forme particulièrement remarquable de ces bourgs qui prospéraient alors dans l’ensemble de l’Occident en assurant la médiation entre villes et campagnes.
14h50 Échanges & Pause
Cadres de vie et expressions patrimoniales
Modération : Alain Champagne, Maître de conférences en archéologie, UPPA-ITEM UR 3002
- 15h20-15h45 Sylvie Faravel, Maîtresse de conférences en archéologie médiévale, Université Bordeaux Montaigne-AUSONIUS UMR 5607,
Quelle archéologie pour les bastides ?
Résumé :
Cette intervention aura pour but de présenter les différents types d’approches archéologiques qui ont pu ou pourraient être mises en œuvre dans les bastides tout en posant la question des problématiques spécifiques que l'archéologie permet(trait) d’aborder. À partir d’exemples concrets, on soulignera notamment l’importance des apports potentiels de l’archéologie préventive dans ce domaine.
- 15h45-16h10 Stéphane Abadie, Docteur en histoire médiévale, associé Université de Toulouse 2 Jean-Jaurès
Les maisons de seigneurs pariers dans les bastides
Résumé :
Les chartes de paréage de bastides contiennent souvent des clauses réservant un emplacement de maison (domus, palatium, fortalicia…) pour les seigneurs pariers. Cette intervention essaiera de quantifier ces mentions documentaires de maisons seigneuriales, mais aussi de localiser sur le terrain ces maisons, souvent placées à des emplacements privilégiés (sur la place centrale...) et de caractériser ces formes particulières d’habitat : tours, « hôtels » associés à de l’habitat et des commerces, bâtiments transformés à l’époque contemporaine en mairies, etc.
16h10 Échanges & Pause
- 16h45 Table-ronde conclusive, présidée par Monique Bourin, Professeure émérite d’histoire médiévale, Université Paris 1-Panthéon Sorbonne
avec
Pierre Garrigou-Grandchamp, Docteur en histoire de l’art et archéologie médiévales, Toulouse 2 Jean Jaurès-TRACES UMR 5608
Florent Hautefeuille, Professeur en archéologie médiévale, Toulouse2 Jean Jaurès-TRACES UMR 5608,
Pascual Martínez Sopena, Profesor catedrático, Universidad de Valladolid
Nelly Pousthomis, Professeure émérite d’histoire de l’art et d’archéologie médiévales, Toulouse2 Jean Jaurès-TRACES UMR 5608