Thierry CASSOU

Thierry CASSOU

M. Thierry Cassou soutiendra sa thèse de doctorat en Histoire, Histoire de l'Art et Archéologie, sous la direction de Laurent Jalabert

"La métamorphose et les pratiques urbaines à Pau : la fabrique de la ville du Second Empire au début de la Troisième République",

à l’Université de Pau et des Pays de l'Adour, en salle Chadefaud de l'Institut Claude Laugénie, à 14h00.

 

Résumé

Du Second Empire aux débuts de la Troisième République, la ville de Pau connaît une série de transformations qui l’inscrivent dans le cadre du mouvement du siècle : les influences de la rénovation urbaine qu’enclenche le baron Haussmann et du mouvement de l’hygiénisme conduisent à opérer à l’échelle de la ville des actions qui visent la salubrité et le bien-être, le tout dans un contexte local singulier, celui de sa mise en tourisme.
En s’appuyant sur des législations nationales, les municipalités successives mènent une lutte contre les foyers de l’insalubre au niveau de l’Habiter : sont alors visées la qualité des logements, la gestion des fluides délétères ou encore les industries polluantes. C’est durant ce quart de siècle, que la construction d’un système général d’égouts met fin à des formes de gestion individuelles plus qu’imparfaites. De manière liée, le ruisseau Le Hédas, qui était devenu au fil du temps un dépotoir à ciel ouvert, est recouvert. Enfin le Conseil départemental d’hygiène et de salubrité, nouvellement nommé, mène aux côtés des élus la lutte contre toutes les formes de l’insalubrité, tout particulièrement celles des logements et des industries polluantes. Au nom des théories aériste et miasmatique, les conditions de vie des habitants sont observées et de nombreuses préconisations données. Ce n’est finalement qu’à la fin du siècle que les avancées de Pasteur se font sentir.
L’autorité municipale poursuit l’amélioration de l’état sanitaire de la ville. Avec l’aménagement d’une conduite depuis les sources du Néez, un premier réseau d’adduction d’eau est mis en place. Etape majeure dans l’histoire de la ville, il signe son entrée dans la modernité et offre le loisir aux municipalités de mettre en œuvre une première politique municipale de l’eau. L’hygiène des rues qui lui est directement liée constitue un second levier. Si la ferme des boues est une activité ancienne à Pau, le remaniement de cette entreprise durant le Second Empire traduit, avec des succès mitigés, des préoccupations autour du propre et du sale. Enfin les efforts portent sur les activités dégradantes. Un nouvel abattoir est construit dans le quartier de Jurançon annexé, en lieu et place de celui de la Basse-Ville, confirmant ainsi que son éloignement est indispensable au bien-être des habitants. La question du marché couvert est plus épineuse. Disséminés dans la ville, ce n’est qu’aux débuts de la Troisième République, et après moult difficultés, que les élus parviennent à rassembler ces activités dans deux lieux spécialement dédiés, créant ainsi de nouvelles centralités dans la ville.

Enfin la voirie urbaine devient un levier pour garantir la sécurité et le bien-être des usagers. A la faveur d’un nouveau plan d’alignement, des rues sont redressées, lissées et même percées. Deux nouveaux quartiers voient également le jour. Mais si bâtir sur de l’inexistant reste largement possible, les élus reculent devant des projets qui mèneraient à de trop grandes expropriations. Le pavage des rues, la construction des trottoirs et la mise en place de l’éclairage de la ville au gaz conduisent également à améliorer et garantir la circulation dans la ville. Enfin, c’est dans ce contexte de mise en tourisme, que la cité paloise, capitale administrative et judiciaire, voit se développer une nouvelle activité, l’urbanité de promenade. Les élus cherchent alors à la garantir en embellissant et en aménageant les places. La construction du boulevard du Midi signe l’exemple le plus abouti de réalisation au service de cette activité. De même la place Royale devient la vitrine de la ville.

Au total, durant ce quart de siècle, toutes ces transformations conduisent lentement la cité d’Henri IV vers une nouvelle modernité : elles visent le bien-être des populations et participent de la définition de nouvelles urbanités et de nouvelles citadinités en lien avec le Care. Elles offrent enfin aux habitants la possibilité d’exprimer de nouvelles sensibilités.