Ouvrage : L’irrésistible féminisation de la culture
Le 25 juil. 2019
Par Maurice Daumas
Presses Universitaires de Pau et des Pays de l’Adour
Collection EFM n°12, 136 pages, juillet 2019
ISBN : 2-35311-105-X
Des sociologues ont proclamé récemment la fin de la domination masculine et l’entrée dans une société de femmes. Prophètes, visionnaires ou simples devins, ils apportent leur caution à cette opinion qui enfle depuis la deuxième vague féministe : que réclament encore les femmes, puisque leur combat est désormais gagné?
Notre culture porte depuis ses origines l’empreinte de l’inégalité entre les sexes. L’emprise masculine reste très forte dans les domaines où elle paraît inexpugnable, comme la langue, la religion, les comportements sexuels, la conception du passé… Au cours des derniers siècles s’est produit un rééquilibrage en faveur des femmes. Par un lent processus de conquête des positions adverses, elles ont gagné en visibilité et en pouvoir, alors même que l’autorité leur était refusée et que les leviers pour y accéder (réseaux, institutions) leur échappaient. Peu à peu se sont construites des représentations moins inégalitaires des relations entre les sexes. L’évolution, loin d’être achevée, puisque sous l’effet de la mixisation croissante de la société, l’idée de leur complémentarité, si prégnante au siècle précédent, a été reléguée au rang des pires préjugés sexistes, au profit de celle de leur interchangeabilité.
Les avancées des femmes ont toujours été contestées, mais depuis le début du XXe siècle, la peur de la subversion par les valeurs féministes domine la pensée antiféministe. Si la dévirilisation des hommes relève du fantasme, le féminisation de notre culture est une réalité, qui présente un double visage. Le premier, bien visible, source de crainte et d’hostilité, correspond aux avancées féminines et au rééquilibrage des statuts des deux sexes. Le second, insensible et irrésistible, consiste dans la lente diffusion dans toute la société des valeurs qui étaient auparavant assignées aux seules femmes. Ce processus de féminisation est le principal responsable du polissage des mœurs au cours des cinq derniers siècles.