Soirée au milieu des arbres

Jeudi 12 juin 2025à partir de 18 h, Maison des Mémoires à Carcassonne
Deux conférences proposées par l’Ethnopôle Garae dans le cadre de son cycle Au milieu des arbres, avec le soutien de la DRAC Occitanie.
18 H Conférence de Véronique Moulinié
Le chêne-liège : entre patrimoine industriel, patrimoine naturel et patrimoine identitaire. L’exemple de la Catalogne (France-Espagne).
À l’état naturel, le chêne-liège ne pousse guère qu’à l’Ouest du bassin méditerranéen. Son écorce, homogène, élastique et imperméable, présente l’étonnante caractéristique de se régénérer après qu’elle a été retirée du tronc. Le liège obtenu sert, de très longue date, à des usages divers : flotteurs pour la pêche, semelles de chaussures, bouchons pour les amphores puis pour les bouteilles. Les bouchonneries ont ainsi représenté une part importante de l’activité artisanale puis industrielle de la partie orientale des Pyrénées, aussi bien au Nord qu’au Sud. Cependant, à partir des années 1960-1970, sous l’effet, entre autres, du bouchage plastique, elles connaissent de graves difficultés et certaines, dans l’incapacité de se moderniser, ferment. Ce passé économique se fait alors patrimoine industriel et se donne à voir, entre autres, dans des musées, comme à Maureillas (PO), à Palafrugell (Espagne). Depuis les années 1990-2000, l’attention porte aussi sur l’arbre : on redécouvre et prend soin de spécimens longtemps oubliés ; on plante de jeunes sujets sur les ronds-points, le long des avenues ; on crée, de toutes pièces, de nouvelles suberaies. Des instances ad hoc (Institut Méditerranéen du Liège, en France, et Institut Catalan du Liège, en Espagne) veillent au grain, tandis que les musées rénovés, les spécimens labellisés “arbres remarquables”, les Sentiers, Chemins et Routes du liège érigent ces arbres en particularismes locaux, entretenant un intérêt auquel préoccupations environnementales et investissements identitaires ne sont, évidemment, pas étrangers. C’est à analyser ce feuilletage de regards que s’attachera Véronique Moulinié.
La suberaie de Llauro.© OTI Aspres Thuir
Véronique Moulinié est anthropologue, directrice de recherche au CNRS et membre de l’UMR 9022 Héritages (CY Cergy Paris Université, CNRS, ministère de la Culture).
20 H 30 Conférence de Patricia Heiniger- Casteret
Haro, Halla, Falle et autres brandons : de l’arbre ouvragé à l’arbre sacrifié.
Les Pyrénées centrales, sur leurs deux versants, au moment du solstice d’été, connaissent un ensemble de pratiques ritualisées, intergénérationnelles, de manipulations de végétaux, ligneux et floraux, qui marquent l’espace et donne corps au temps. La Saint-Jean d’été se fête avec plus ou moins d’intensité suivant le nombre d’habitants des villages et de la publicité développée autour de cette célébration qui relève, somme toute, de l’intimité communautaire. Au centre de cette fête s’élève un remarquable tronc arbre, ouvragé, couronné, rehaussé de guirlandes de fleurs, voire entièrement habillé de paille ou de buis, fruit de l’attention des acteurs, hommes et femmes, « conscrits » et retraités comme employés municipaux. L’exposé de la conférencière s’intéressera à la présentation de ces arbres, leurs confections et aux savoir-faire qu’ils mobilisent.
Brandon Juzep, © Patricia Heiniger-Casteret.
Patricia Heiniger-Casteret est maître de conférences en anthropologie sociale à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, membre du laboratoire Identités, Territoires, Expressions, Mobilités (ITEM)
Haro Port de Balès 2015© Patricia Heiniger-Casteret.